Le pli qui s’impose dans le concept architectural s’ouvre sur un théâtre philosophique de la forme (Deleuze) proposant des variations infinies d’inflexion et d’inclusion. Ce pli apparaît dans le nouveau pavillon comme un dénouement de l’espace qui enveloppe l’escalier principal du bâtiment et qui en détermine la cohésion avec l’image arborescente développée en écho à la présence du Ginkgo dans la cour. Cette fracture relance l’une et l’autre des formes protagonistes pour composer un volume unique de lumière et de transparence.
J’improvise donc à partir de là sur des images d’origami et de glaciers répercutant cette fraction du bâtiment à la rupture d’un iceberg. Les plis accentués dans la matière naturelle alliant résistance et malléabilité. Mon travail s’articule autour de cette idée formelle d’îlots recomposés offrant un intérieur distinct. La paroi interne de l’iceberg se couvre d’une membrane ajourée en acier inoxydable permettant d’effectuer par ce contact inattendu des matières, un traitement des surfaces tout à fait singulier.
La structure métallique retient en quelque sorte les morceaux en dérive du glacier en s’incrustant dans le granit blanc et en le matelassant comme si la matière rocheuse était souple.
Les cinq formes principales de la sculpture vues en plan que l’on apercevra du bâtiment rappellent l’image de l’iceberg géant qui s’est détaché en février 2010 du glacier Mertz en Antarctique Orientale.
On peut aussi établir certaines concordances entre la forme glaciaire compacte et le nouveau pavillon selon la disposition des éléments impliqués dans cette turbulence formelle conciliant fluide et masse dans une procédure d’abstraction et de dissolution. Les dessus de langues de glace sont polis et légèrement modelés contrastant avec le traitement des surfaces latérales en déplies réalisées au fil de coupe permettant cette prolifération de lignes comme des plissements solides de la géographie naturelle des plateformes glaciaires. L’intérieur des parois de granit est travaillé de manière à s’ajuster parfaitement pour recevoir et absorber une prothèse en acier inoxydable déployé qui rappelle un strent graft. (Petit treillis utilisé comme matériel bio- médical pour maintenir une artère ouverte).
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Photos: Michel Dubreuil
Ste-Anne-de-Bellevue
Granit, acier inoxydable